Depuis l'annonce de la maladie, je ne pensais plus qu'a cette tumeur
qui grossissait a vue d'oeil. Quatre centimètres au moment du diagnostique. Elle était
arrivée si vite !!!
Au moment de l'annonce ma gynécologue a
donné plusieurs coups de fils et m'a posé tout de suite deux rendez
vous avec deux chirurgiens différents, dans deux villes différentes. Il
fallait se décider rapidement, tout s'est fait en 48 heures. Mon mari et
moi, nous sommes rendu au premier rendez vous assommés , catapultés dans un nouveau monde, avec un nouveau langage...Le premier m'a proposé
d'enlever uniquement la tumeur. La deuxième (une femme) nous a très
rapidement parlé de mastectomie. je sentais que cela allait être
nécessaire, je l'ai suivi. Je me suis sentie en confiance auprès
d'elle. Une femme, a peu près du même âge que moi. Sa manière de nous expliquer les choses était
claire. Nous nous sommes sentis a l'aise.
En
quelques jours ma tumeur était devenue évidente. Après le sevrage de ma
fille mes seins se sont dégonflés et la tumeur ressortait de ma
poitrine.
On m'a donc proposé une chimio néo-adjuvante pour réduire la tumeur. Pendant cette
première étape, nous allons traiter le cancer m'a t on dit et non le
cancer du sein. Il y a aura par la suite une mastectomie avec curage
axillaire suivie de 25 cures de radiothérapie.
J'essayais de comprendre ce qui était en train de se passer, j'ai essayé de rester sur les rails.
Rentrée
a la maison, j'ai ouvert internet pour tenter de me rassurer,
j'y ai trouvé des statistiques devant lesquelles je me suis retrouvée en
larmes.
J'ai recommencé le lendemain en me disant que je
trouverais probablement plus de choses rassurantes mais ça n'a pas été
le cas. Je voulais simplement trouver je ne sais où, la garantie que je
m'en sortirais et bien sur je ne l'ai pas trouvé. J'étais terrorisée. Il m'a fallu admettre que personne
n'allait me garantir que tout se passerait bien.
Un jour a
Noirmoutier, une femme m'a expliqué que si par hasard une personne se
laissait piéger par la marée montante il ne fallait pas qu'elle essaye de lutter, mais plutôt qu'elle se débarrasse de tout se qui pouvait entraver ses mouvements puis qu'elle se laisse flotter et qu'elle se laisse aller par le courant. ce dernier l'emmènerait vers la rive.
J'étais alors en plein traitement et j'ai reconnu dans cette explication l'état d'esprit dans lequel je me trouvais a ce moment là.
Je savais que la colère m'épuiserait, qu'il
fallait que je la laisse de coté pour le moment et que le courant m'emmènerait au bout
en suivant le protocole de soin.
Je ne voulais pourtant pas avoir
la sensation de subir les choses passivement. Je me suis beaucoup
renseignée sur ce que j'avais besoin de savoir pour me sentir actrice
de mon propre film et non figurante. Je suis arrivée a mes rendez vous
avec une listes de questions.
En me demandant parfois si ma listes était trop longue. Si mes questions étaient fondées...Je me suis toujours imposée d'aller jusqu'au bout de mes listes pour pouvoir me sentir informée faute de pouvoir être rassurée.
Sortie
de ce premier entretien avec la chirurgien qui allait m'opérer je me
suis sentie "prise en charge". Le choix était fait. S'en est suivi le
bilan d'extension. Tous les examens se sont enchainés pendant plusieurs
semaines, 2 je crois et ça a été une des périodes les plus difficile a
passer.
Je me suis révélée être claustrophobe et complétement paniquée face a une irm ou une scintigraphie osseuse....
J'ai
commencé mon chemin en solo, mon mari restait a la maison pour garder
nos petits, il cherchait du travail depuis 2 ans quand j'ai appris que
j'étais malade . Il a décidé d'interrompre ses recherches jusqu'à ce que
j'aille mieux. J'ai décidé sans en être bien consciente sur le moment
de le mettre a l'écart , d'aller au rendez vous seule, aux examens seule
( a posteriori, je ne suis pas sure que c'était une bonne idée) mais
c'est pourtant ce que j'ai fait. Sachant mes enfants avec leur papa, je
savais qu'ils étaient chez eux dans leur univers et qu'ils ne pourraient être
mieux qu'avec lui. Je savais que le situation n'était déjà pas évidente
pour les enfants je voulais préserver leur quotidien et leurs
habitudes.
J'avais donc l'esprit libre pour aller me faire soigner.
Le
bilan d'extension terminé j'ai rencontré mon oncologue, qui s'est
révélée être très rapidement un "coup de foudre humain". En quelques
minutes j'ai su que je ne pouvais pas mieux tomber; ça ne s'explique
pas, je l'adore.
Elle m'a expliqué les examens a venir, la chimio...
J'avais
essayé de me préparer a l'annonce de la perte des cheveux, et au reste
mais on ne se prépare pas vraiment a tout cela, j'ai eu beau adorer la
personne que j'avais en face de moi, je me suis sentie assommée par la
somme d'informations a digérer.
Le verdict était posé.